vendredi 10 décembre 2010

"Quels sauvages ! que ces messieurs les Osages..." (P.-E. Dubraux, 1827)

"Les Six Indiens osages arrivés du Missouri au Havre le 27 juillet 1827 et à Paris le 13 août même année". Estampe, 1827, Coll. B.n.f.




 
« LES OSAGES (1827)

Quels sauvages ! (bis)
Que ces messieurs les Osages
Quels sauvages!
Ça
N'entend ni hu ni dia.

Celui d'entre ces gaillards
Qui tranche du despotisme
N'a point par le cagotisme
Remplacé les goûts paillards.
Voulût-il, des lois écrites
Faisant un vrai casse-cou,
Que des troupeaux de jésuites
Se pendissent à son cou.

Quels sauvages ! etc.

De ces Socrate en jupons
A tel point va l'arrogance,
Qu'à leurs yeux toute la France
N'est que dupes ou fripons.
C'est en vain qu'ils se redressent
Dans leurs habits chamarrés,
Nos vizirs ne leur paraissent
Que des laquais bien dorés.

Quels sauvages! etc.

Croirait-on que ces intrus,
Dans leur naïve jactance,
Méconnaissent l'importance
De nos bons grippe-jésus ?
Exempts de trouble et d'alarme,
Ces coquins-là, sans façon,
Vous décoiffent un gendarme
Sans lui demander pardon.

Quels sauvages ! etc.

Au milieu de ses bouquins
Lorsqu'ils ont vu de Corbière,
Ils ont, pour fuir sa poussière,
Trotté comme des lapins.
On fait si bien à la grappe
Mordre ce peuple innocent,
Qu'il a pris pour une attrape
L'honorable trois pour cent.
Quels sauvages ! etc.

Ils ont pris monsieur Franche!
Pour un sombre janissaire ;
Ils ont pris un commissaire
Pour un lâche et plat valet.
Pour un sceau de contrebande
Ils ont pris mons Peyronnet,
Et Frayssinous et sa bande
Pour des piliers de gibet.

Quels sauvages ! etc.

Enfin las de voir les rois
Par la main de leurs ministres
Couvrir de haillons sinistres
Et notre France et ses droits,
Ils ont pris pour passer outre,
Dans leur jugement fougueux,
Villèle pour un j...-f…
Et Ch.... pour un pl...-g…

Quels sauvages!
Que ces messieurs les Osages,
Quels sauvages !
Ça
N'entend ni hu ni dia. »

Paul-Emile Debraux (1798-1831), Chansons complètes, vol. 1, Paris, Imp. de Baudouin, 1836.
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"Les Indiens de la tribu des Osages arrivant en fiacre à Paris"
par Jean Joseph François Tassaert (1765-1835). Estampe, vers 1827, Coll. B.n.f..

« ...nous avions à Paris, à notre honte éternelle pour l'effet qu'ils y produisirent, une famille de monstres sauvages qu'on appelait les Osages. Ils étaient hideux ; ils ont pourtant attiré l'attention plus qu'aucun des princes étrangers que nous ayons vus jusqu'alors à Paris... C'est à notre honte, je le répète, car ils étaient stupides. Ils vinrent à Versailles un jour pour admirer le château, quoique le sens admiratif ne soit pas très développé chez eux. J'étais malade et je ne pus aller au spectacle où ils furent le soir ; j'en fus bientôt dédommagée. Quelques jours après, j'étais allé voir M. de Forbin à son atelier du Louvre ; les Osages visitaient les tableaux et les statues. Je demandai et obtins la permission non seulement de les voir, mais de leur parler par interprète. Je le fis par signe et m'en trouvai mieux. On prétend qu'ils ont un sens parfaitement complet, qui est celui de l'ouïe ainsi que celui de l'odorat, mais l'ouïe surtout est exquise, dit-on. Ils m'ont paru stupidement brutes ; le vieux surtout, celui qui porte la hache, est un homme qui, selon moi, est absurde et hors de tout ce qui se peut comprendre comme sauvage ; il est endormi constamment, ferme à demi les yeux, et parait une sorte de bête échappée du Jardin des Plantes. Les statues lui firent faire de grands éclats de rire ; cependant quand je lui ai demandé pourquoi, il a fait comme s'il ne pouvait me l'expliquer lui-même... ce mouvement, on sait, en s'éloignant les deux bras du corps en même temps et inclinant la tête... Oh ! les Osages!... J'ai eu peur cette fois-là du prince Bas-Breton. »

M. la duchesse d'Abrantles, Mémoires sur la Restauration, ou souvenirs historiques sur cette éepoque, la Révolution du Juillet et les premières années du règne de Louis-Philippe Ier, Vol. 6, Paris, J. d'Henry éd., 1836.

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