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mardi 1 février 2011

"Il faut décréter le droit au travail... rien de plus, rien de moins" (E. Vermersch, 1871)


« Décider que l’on va s'emparer des ateliers des jean-foutres de patrons qui ont foutu le camp !...
S'installer en leur lieu et place ;
Leur foutre une bonne saisie sur tout leur matériel...
Et ça pour faire travailler les bons bougres de patriotes qui n'ont tous qu'un seul désir...
Foutre une brûlée à ces canailles de Versaillais...
Pour aller manier ensuite la lime, la pioche ou le rabot...
Nom de Dieu !
Voilà qui était bien !...
Et je ne saurais trop le répéter aux citoyens de l'Hôtel-de-Ville...
Ce jour-là,
Pour les récompenser...
Je me suis offert une bonne petite chopine...
Qui m'a agréablement chatouillé le gosier,
Nom de nom !...
Mais, à côté de ça, ne pas dire par quel moyen pratique on se procurera assez de commandes et assez de travaux pour faire suer la machine,
Et travailler les bras,
Nom de Dieu !
Voilà qui est mal !...
Et je m'étonne que les citoyens membres de la Commune n'aient pas pensé à ça...
Parbleu ! moi, je n'irai pas par quatre chemins pour leur dire leur fait.
Non, citoyens membres,
Vous n'avez pas résolu la question,
Foutre!...
Et je vais vous le prouver !...
Pour faire un civet,
Que faut-il ?...
Même en République...
Un lièvre !...
Pas vrai ?...
Qui est-ce qui nous le foutra, ce lièvre-là ?! A coup sûr ce ne sont pas toutes ces crapules d'aristos et de calotins qui ont préféré aller s'adressera ces jean-foutres de la province pour exécuter leurs commandes,
À ces ruraux, qui ne comprennent qu'une chose...
Vivre comme des brutes toute leur vie, au milieu de jean-foutres que le mouvement révolutionnaire va foutre en bas...
Et qui ne savent qu'engueuler les Parisiens toutes les fois qu'ils demandent des choses raisonnables...
Telles que, par exemple :
L'abolition du mariage, qui est une atteinte à la liberté individuelle, et une institution immorale au dernier degré ;
Le renversement du militarisme, qui est une entrave à la fraternité des peuples ;
Le bouleversement des choses convenues, enfin, que les niais sentimentaux respectent, et qui n'ont été imaginées que par des jean-foutres qui n'entendaient rien du tout à la vie.
Eh bien !
Nom de Dieu !
Puisque tous nos savoyards de bourgeois ont lâchement foutu le camp pour se jeter dans les bras de ces crapules de ruraux, qui ne sont bons que pour foutre leur sale éteignoir sur le flambeau de la Liberté chaque fois que nous l'allumons...
Pourquoi ne nous arrangerions-nous pas entre nous...
Comme de bons bougres que nous sommes ?...
Foutre de foutre !...

Et voilà ce que je dis :
Les ateliers ouverts, que faut-il  ?
Des commandes !
Eh bien ! nom de Dieu,
Encore une fois...
C'est bien simple...
Il faut décréter le droit au travail.
Le droit au travail.
Rien de plus, rien de moins,
Voici ce que je veux.
Parce que c'est cela seulement qui peut nous sauver.
Parce que le fils Duchêne désire le bonheur du peuple, et qu'il est convaincu qu'il n'y a pas un citoyen à Paris qui refuserait son concours à un pareil principe.
Le droit au travail !...
Voilà une crâne idée !
Foutre!...
Prenons, comme exemple, l'honorable corporation des citoyens ferblantiers !...

Qu’est-ce qu’il y a faire ?...
Forcer tous les patriotes restant à Paris à se commander dans les vingt-quatre heures une batterie de cuisine au complet, pour ceux qui n'en ont pas — et une nouvelle pour ceux qui en ont déjà une !
C'est pas plus difficile que ça...
Je ne parlerai pas d'une baignoire, c'est du luxe !...
Et voilà une corporation qui marche.
Et des autres ainsi de suite !...
Et Paris, en huit jours, redevient ce qu'il était...
C'est-à-dire...
Le foyer de l'industrie,
Le miroir de l'intelligence,
La première capitale de l'Europe !
Allons, nom de Dieu !
C'est entendu,
Si l'on veut nous sortir de la mélasse,
Il faut qu'on décrète le droit au travail.
Il le faut, il le faut,
Ou bien,
Citoyens membres,
Je vous en fous mon billet,
Dans son prochain numéro,
Le fils Duchêne serait capable de se foutre en colère contre vous.
Et il en serait désolé,
Nom de Dieu ! »

Eugène Vermersch, "Le droit au travail", Le fils du Père Duchêne : illustré, n° 2, 6 Floréal an 79.

vendredi 7 janvier 2011

"Ces bonnes bougresses... témoignent du plus grand désir de combattre" (E. Vermersch, 1871)


"La vierge... folle. Les Jeanne d'Arc de la Commune" par H. Nérac (1871).  
 

« J'ai dit, dans un article précédent, que notre bonne Commune était en train d'aller de travers...
Eh bien, oui, nom de Dieu !...
Et je le répète...
Parce que je suis bougrement mécontent de la voir s'occuper d'un tas de foutaises qui ne valent pas chiquette, alors qu'il faudrait déployer de l'audace et de l'énergie.
De l'énergie, foutre de foutre !...
Tout est là !...

Comment, citoyens membres, vous vous amusez à foutimasser à l'heure où ces coquins de Versailleux sont peut-être en train de frapper à la porte des forts qui sont actuellement occupés par ces canailles de Prussiens.
Vous organisez des Chambres de notaires, au moment où nous demandons tous l'union libre et l'abolition de l'hérédité.
Vous nous foutez des huissiers à l'heure où il est convenu qu'on ne peut pas payer ce qu'on doit.
Je sais bien,
Vous passez toute une séance à jaboter sur le citoyen Pilotell !...
Ah ça ! mais, nom de Dieu !...
Vous n'avez donc rien à foutre?...
Et la levée en masse !...

Vous n'y pensez donc plus ?...
Sans la levée en masse, qu'est-ce que vous foutrez pour faire face à l'ennemi sur tout le périmètre de la cité?
Sont-ce les pauvres bougres qui font campagne depuis un mois déjà et qui se sont esquinté le tempérament à passer des nuits en, grand' garde dans les tranchées...
Et ça par des temps à ne pas foutre un chien dehors ?...
Non, citoyens membres...
Il faut des troupes fraîches !
Et voilà ce que je propose.

A défaut d'hommes, d'enrégimenter les bonnes bougresses de patriotes, qui ne demandent qu'à faire le coup de feu avec leurs maris...
Et qui ne bouderont pas devant une charge de cavalerie,
Foutre de foutre !...
J'ai reçu des lettres de plusieurs de ces bonnes bougresses, qui témoignent du plus grand désir de combattre.
La femme, nom de dieu !...
Mais on peut l'employer autrement qu'à faire une panade ou à raccommoder un fond de culotte,
Tonnerre de dieu !...
Rappelez-vous les citoyennes Jeanne d'Arc et Jeanne Hachette !...
Voilà des bonnes bougresses !

Je sais bien qu'on pourra m'objecter qu'il sera dur pour un chef de corps de crier à des femmes, sous forme de commandement :
Pelotons, par le flanc droit ! et Pelotons, par le flanc gauche !...
Parce qu'il y a des jean-foutres qui y verront malice.
Mais ceci ne doit pas vous arrêter, citoyens membres...
Et il faut armer les femmes qui veulent marcher !..,
Nom de Dieu !...
Il y a une idée ! Réfléchissez-y !...
La femme incorporée,
Foutre de foutre !...
Voilà un sujet sur lequel le fils Duchêne aimerait à s'étendre.
Et il y reviendra. »
Eugène Vermersch, "La levée en masse",
Le fils du Père Duchêne : illustré, n° 3, 10 Floréal an 79 (29 avril 1871).

___________________

"Les amazones de la Seine" (v. 1870-71),
coll. Universitätsbibliothek Heidelberg.

« J'ai dit dans mon numéro précédent, que la femme incorporée étant un sujet sur lequel le fils Duchêne aimerait à s'étendre,
Il y reviendrait,
Et il y revient
Parce que j'ai pensé à une chose...
Et cette chose la voici .....
Parmi les hommes que l'on a foutus dans la garde nationale, il y a des vieux et des jeunes, n'est-ce pas?...
Les vieux forment la sédentaire,
Et les jeunes sont dans les compagnies de guerre.
Il faut qu'il en soit de même des femmes.
Et pour ça, que faut-il faire ?
Presque rien, foutre de foutre !...
Faire deux catégories distinctes.
Prendre les honnêtes femmes d'abord, qui ont des soins à apporter au ménage, des petits enfants à allaiter et à qui il serait difficile de tenir la campagne huit jours de suite.
De celles-là, il faut former la sédentaire.
Quant aux compagnies de guerre, vous allez me dire, avec quoi les formerez-vous ?...

Avec quoi, nom de Dieu !...
Mais, avec toutes ces gueuses qui se maquillent la frimousse et qui se collent des chignons gros comme une botte de foin.
Avec toutes ces gourgandines qui rodaillent sur le boulevard et empoisonnent le musc... et la société.
Avec ces drôlesses enfin qui sont le déshonneur d'une famille et d'une nation, que le règne de Badinguet III a trop favorisées et qui ont fait de Paris le plus grand lupanar de l'Europe.
Il y a là dedans de bonnes bougresses qui ne demandent peut-être qu'à se réhabiliter.
Il faut donc leur en fournir l'occasion, nom de Dieu !...
Et leur foutre quelque chose dans la main.
Un revolver ou un chassepot,
Peu importe.
Il faut sauver le pays et réhabiliter ces filles-là !
Le feu purifie tout ! pas vrai ?...
Eh bien alors....
Il faut envoyer toutes ces bougresses-là au feu !...
Et que ça ne traîne pas !
Mille tonnerres !...»

Eugène Vermersch, "Les femmes incorporées",
Le fils du père Duchêne : illustré, n° 4, 13 Floréal, an 79 (2 mai 1871).