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samedi 12 février 2011

"La justice et le désintéressement... ont présidé aux délibérations des monarques alliés" (Metternich, 1821)

Entrée triomphale des troupes autrichiennes dans Naples en 1821,
par Johann Lorenz Rugendas. Coll. Brown Univ.

« L'Europe connaît les motifs de résolution prise par les souverains alliés d'étouffer les complots et de faire cesser les troubles qui menaçaient l'existence de cette paix générale dont le rétablissement a causé tant d'efforts et tant de sacrifices. Au moment même où leur généreuse détermination s'accomplissait dans le royaume de Naples, une rébellion d'un genre plus odieux encore, s'il était possible, éclata dans le Piémont. Le plan d'une subversion général était tracé dans cette combinaison contre le repos des nations. Les conspirateurs du Piémont avaient leur rôle assigné, ils se sont hâtés de le remplir.

Le trône et l'État ont été trahis, les serments violés, l'honneur militaire méconnu, et l'oubli de tous les devoirs a bientôt amené le fléau de tous les désordres. Partout le mal a présenté le même caractère, partout un même esprit dirigeait ces funestes révolutions.

Ne pouvant trouver de motif plausible pour les justifier, ni d'appui national pour les soutenir, c'est dans de fausses doctrines que les auteurs de ces bouleversements cherchent une apologie ; c'est sur de criminelles associations qu'ils fondent un plus criminel espoir. Pour eux, l'empire salutaire des lois est un joug qu'il faut briser. Ils renoncent aux sentiments qu'inspire le véritable amour de la patrie ; et, mettant à la place des devoirs connus, les prétextes arbitraires et indéfinis d'un changement universel dans les principes constitutifs de la société, ils préparent au monde des calamités sans fin.

Les souverains alliés avaient connu les dangers de cette conspiration dans toute leur étendue; mais ils avaient pénétré en même temps la faiblesse réelle des conspirateurs à travers le voile des apparences et des déclamations. L'expérience a confirmé leurs pressentiments. La résistance que l'autorité légitime a rencontrée a été nulle, et le crime a disparu devant le glaive de la justice.

Ce n'est point à des causes accidentelles, ce n'est pas même aux hommes qui se sont si mal montrés le jour du combat, qu'on doit attribuer la facilité d'un tel succès. Il tient à un principe plus consolant et plus digne de considération.

La Providence a frappé de terreur des consciences aussi coupables ; et l'improbation des peuples, dont les artisans de troubles avaient compromis le sort, leur a fait tomber les armes à la main.

Uniquement destinées à combattre et à réprimer la rébellion, les forces alliées, loin de soutenir aucun intérêt exclusif sont venues au secours des peuples subjugués, et les peuples en ont considéré l'emploi comme un appui en faveur de leur liberté, et non comme une attaque contre leur indépendance. Dès lors, la guerre a cessé ; dès lors, les États que la guerre avait atteints n'ont plus été que des États amis pour les puissances qui n'avaient jamais désirés que leur tranquillité et leur bien-être...

La justice et le désintéressement qui ont présidé aux délibérations des monarques alliés régleront toujours leur politique. A l'avenir, comme par le passé, elle aura toujours pour but la conservation de l'indépendance et des droits de chaque État, tels qu'ils sont reconnus et définis par les traités existants. Le résultat même d'une aussi dangereux mouvement sera encore sous les auspices de la Providence, le raffermissement de la paix que les ennemis des peuples s'efforcent de détruire, et la consolidation d'un ordre de choses qui assurera aux nations leur repos et leur prospérité !

Pénétrés de ces sentiments, les souverains alliés, en fixant un terme aux conférences de Laybach, ont voulu annoncer au monde les principes qui les ont guidés. Ils sont décidés à ne jamais s'en écarter, et tous les amis du bien verront et trouveront constamment dans leur union une garantie assurée contre les tentatives des perturbateurs. C'est dans ce but que Leurs Majestés Impériales et Royales ont ordonné à leurs plénipotentiaires de signer et de publier la présente déclaration.

Laybach, le 12 mai 1821.

METTERNICH, KRUSEMARCK, NESSELRODE,
CAPO-D'ISTRIAS, POZZO DI BORGO. »

Cité in J.-B. Capefigue, Le congrès de Vienne dans ses rapports avec la circonscription actuelle de l'Europe, Paris, Comptoir des Imprimeurs-unis, 1847.

samedi 8 janvier 2011

"Nous sommes las de voir Paris disposer à lui tout seul du sort de tout le pays" (anonyme, 1871)

"En avant citoliens [sic] de Fouilly-les-Oies ! Allons corriger Paris !..." Dessin signé : "Brutal, 2 avril 1871", Imp. Talons, Paris, 1871.












« Parisiens,

Il paraît qu'en ce moment, vous êtes terriblement en colère contre nous autres pauvres provinciaux : si j'en juge par ce que j'entends dire de divers côtés, quolibets, caricatures, sarcasmes, épithètes mal sonnantes pleuvent dru comme grêle sur nous et sur les représentants que nous avons choisis. J'ai lu moi-même sur certain journal des expressions qu'il me coûterait de reproduire. Parbleu !

Messieurs, ah ! pardon : citoyens, devrais-je dire, à Fouilly-les-Oies, on se respecte davantage. Vous vous attribuez modestement la réputation du peuple le plus spirituel de la terre ; à coup sûr, ce n'est pas ainsi que vous parviendrez à la justifier. Et quelle est la cause de tout ce vacarme, de ce débordement de bile ?

Vous nous reprochez, si je ne me trompe, de n'être pas de fervents républicains ; vous nous reprochez de jalouser Paris ; il en est même qui vont jusqu'à nous reprocher d'avoir contribué aux mal heurs du pays par notre vote sur le plébiscite ; mais cette dernière imputation se glisse sournoisement dans les conversations et n'a pas encore osé, que je sache, s'étaler dans les colonnes de vos grands journaux. Si jamais elle l'osait, nous y répondrions, soyez-en sûrs, et vertement. Quant aux deux premières que nous voyons partout reproduites à satiété, trouvez bon que nous ne les laissions pas sans réplique.

Ah ! vous nous reprochez de ne pas être de fervents républicains ! Eh bien! nous vous reprochons, nous, habitants de Fouilly-les-Oies, de crier République sans savoir définir ce que ce mot signifie, et surtout sans vouloir pratiquer les obligations que cette forme de gouvernement impose.

De plus, nous vous déclarons très-nettement que nous sommes las de voir Paris disposer à lui tout seul du sort de tout le pays, changer à lui tout seul, par le droit de l'émeute, la forme du gouvernement, empêcher ainsi la sincère application des principes et fausser les institutions. Si c'est là ce que vous appelez jalouser Paris, vous n'avez pas tort.

Nous accusons les républicains de profession d'avoir été, depuis 92, les principaux auteurs de toutes les agitations ; et nous accusons Paris de leur avoir donné, par la dictature politique qu'il exerce, le moyen de bouleverser le pays, de tout changer à plusieurs reprises, quoiqu'ils n'aient été jusqu'à ce jour, et qu'ils ne soient encore aujourd'hui qu'une minorité.

Enfin, nous osons affirmer que, malgré vos bruyantes professions de républicanisme, s'il y a quelque chose de difficile à trouver parmi vous, c'est un véritable républicain. On y voit, il est vrai, des hommes, en certain nombre, qui se donnent mutuellement, et avec une affectation marquée, le titre de citoyens ; qui mettent au bas de leurs lettres : salut et fraternité ; qui datent leurs journaux de Frimaire ou de Vendémiaire ; mais cela ne suffit pas, à nos yeux, pour prouver des convictions sincères, et surtout des convictions raisonnées. Dans cet emploi de certaines formules, dans cette résurrection du calendrier républicain (calendrier qui avait du bon, politique à part), nous ne trouvons autre chose qu'une réminiscence maladroite d'une époque étrange, complexe, où les faits héroïques se sont alliés à une monstrueuse aberration morale. Ah ! les réminiscences de l'histoire ! que de maux elles nous ont causés ! C'est à elles que nous devons tant de Césars ; c'est à elles que nous devons tant de tribuns à l'enthousiasme factice ; c'est à elles que nous avons dû les Gracchus en bonnet phrygien et les Brutus en carmagnole. Allons ! allons ! assez de parodies !

Voilà qui est un peu raide, comme vous dites à Paris ; mais, à Fouilly-les-Oies, on ne va pas par quatre chemins : ce que l'on pense des gens, on le leur dit en face, et ce que l'on dit, on le prouve.

Avec cette adorable suffisance qui vous caractérise, vous affirmez que nous sommes tous gens dépourvus de lumières et de jugement. Sans doute, il est parmi nous plus d'un type de cette espèce ; mais n'en est-il aucun parmi vous ? La seule différence entre vos ignorants et les nôtres, c'est que les uns sont présomptueux et tranchants, les autres très timides.

Vous prétendez que, préoccupés uniquement de nos champs et de nos bestiaux, nous faisons bon marché des nobles aspirations à l'indépendance et à la liberté : la vérité est que nous nous en soucions tout autant que vous. Seulement, jusqu'à ce jour, une certaine apathie et le sentiment exagéré de notre insuffisance nous ont portés à résumer toutes nos aspirations dans un enthousiasme commode pour quelque individualité, à laisser faire, à recevoir, les yeux fermés, tout ce qui nous venait de la Capitale. Nous commençons à nous apercevoir que nous avons eu tort. Croyez-moi, Messieurs les Parisiens, il en est plus d'un parmi nous qui sont instruits et capables de penser : ils comprennent enfin que des institutions libres imposent à tous ceux qui sont dignes et capables d'exercer autour d'eux quelque influence le devoir d'y travailler énergiquement, en un mot, que noblesse oblige : ils y sont bien résolus. »

Anonyme, Lettres aux Parisiens. Par un habitant de Fouilly-les-Oies, Meaux, Impr. de Cochet, 1871.

dimanche 24 octobre 2010

"Obéissance absolue et passive dans les masses, voilà la politique du catholicisme" (anonyme, 1845)

« L'unité et l’infaillibilité dans le pouvoir, l'obéissance absolue et passive dans les masses, voilà la politique du catholicisme. Cette politique est fondée d'abord sur la notion même du pouvoir. Tout pouvoir appartient a Dieu, qui règne absolument et arbitrairement sur le ciel et sur la terre.

Dieu, en donnant sa révélation, a établi une foi que les hommes ne sont pas appelés à juger, et une hiérarchie inspirée ou du moins divinement assistée, pour interpréter cette loi et la hiérarchie accepte la souveraineté de fait, comme une puissance qui vient de Dieu, et a toujours prêché aux peuples l'obéissance aux monarques absolus, en tout ce qui n'attaquait pas la foi. Voilà donc deux arguments contre la démocratie l'idée du pouvoir considéré dans sa source, et la pratique constante de l'Église.

Il est facile de prouver la même chose par des raisons générales et des exemples particuliers. Et d'abord la loi catholique est essentiellement monarchique et absolutiste en elle-même, et ne doit tendre qu’à façonner les gouvernements humains à son image. Pour les catholiques, la liberté consiste à pouvoir faire ce qu'on doit. Tout est arrêté, tout est défini il n'y a rien à examiner. Donc l'organe de la loi doit être simple et unique comme elle.

La démocratie est le gouvernement du doute et du bon plaisir des majorités ; peu importe qu'un principe soit vrai en lui-même il devient vrai pour la république, dès que le peuple l'a voulu aussi la minorité des sages est-elle toujours opprimée dans les gouvernements populaires.

Le catholicisme politique, c'est la foi au gouvernement et le gouvernement de la foi. Les croyants n'ont pas besoin d'un sénat qui délibère : la loi est là ! Il s'agit de savoir si elle affirme ou si elle nie en telle ou telle circonstance un enfant suffirait pour prononcer. D'ailleurs la foi catholique enseigne que tout homme qui se trouve à la tête du gouvernement a une grâce toute spéciale qui le soutient et le dirige, et ne permet pas aux sujets de juger les actions du maître que la Providence leur impose.

Il n'y a dans le monde que deux classes d'hommes ceux qui veulent faire ce que Dieu veut et ceux qui veulent faire ce qu'ils veulent. Les uns admettent une loi absolue, et se soumettent à quiconque est reconnu d'eux pour l'interpréter légalement les autres n'admettent que leur bon plaisir, et sont obligés de se consulter entre eux pour s'entendre, s'ils ne veulent pas se battre ou s'ils sont las de se battre. Ainsi la majorité l'emporte, et soumet la minorité à ses exigences et à ses caprices.

Voilà les vrais principes philosophiques du catholicisme en matière de gouvernement ; demandez aux docteurs et aux théologiens les plus accrédités en France et en Italie, vous verrez si l'on vous en impose et si même on vous a dit tout. »

[Anonyme], Paix ! paix ! Réprimande adressée par un abbé et un théologien à Timon, qui n'est ni l'un ni l'autre, Paris, chez les marchands de nouveautés, 1845.