Affichage des articles dont le libellé est "Comte de Chambord". Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est "Comte de Chambord". Afficher tous les articles

vendredi 18 juin 2010

"Le comte de Chambord, c'est le roi qu'il nous faut..." (C. J. Grand, 1872)

« Braves ouvriers des villes et des campagnes, qui, comme moi, vous nourrissez du fruit de votre travail, c'est à vous que j'adresse ces quelques lignes. Quel est celui de vous qui ne s'en rapporte à ceux qui se disent nos plus grands amis, messieurs les démocrates? "Si vous votez pour un tel, nous disent-ils, vous votez pour Henri V, pour la dîme, les droits féodaux, le rétablissement des biens nationaux et des billets de confession, le règne des nobles et des curés." Simple que l'on est, on les écoute comme des oracles, et, par-derrière vous, ils se frottent les mains de faire tant de dupes et se reposent de leur grand amour pour nous en touchant de gras honoraires de députés. […]

La dîme a disparu avec les biens du clergé en 1789. Croire qu'Henri V tente de la rétablir, c'est croire l'impossible ; un homme qui a du bon sens ne peut y songer. Il en est de même pour la féodalité et les droits féodaux. A propos de ces droits, les révolutionnaires n'ont pas manqué d'en faire des montagnes. En voici un de leur fabrique : "autrefois, disent-ils, le seigneur, pour protéger son sommeil contre le coassement d'importunes grenouilles, forçait ses vassaux à battre la mare du château pour les forcer au silence." Vous en doutez ? Cependant la chose est certaine, messieurs les républicains le tiennent de leur père et de leur grand-père qui l'ont entendu dire ou qui l'ont inventé eux-mêmes.

Quant aux biens nationaux, c'est encore un épouvantail. Franchement peut-on, après quatre-vingts ans, remettre les propriétés au même état qu'avant 1789 et retrouver les anciens titres qui en font foi et les héritiers des anciens propriétaires ? Henri V ne sera pas non plus le roi du clergé et de la noblesse. "Partout et toujours, a-t-il écrit, je me suis montré accessible à tous les Français sans distinction de classes et de conditions. Comment pourrait-on me soupçonner de ne vouloir être que le roi d'une caste privilégiée, ou, pour employer les termes dont on se sert, le roi de l'ancien régime, de l'ancienne noblesse et de l'ancienne cour ?"

On nous dit : "le comte de Chambord ne veut pas régner, s'il l'avait voulu, au mois de novembre 1873, il serait déjà venu." — Ce prince n'est point un intrigant, ni un aventurier, il ne veut point du trône au prix d'une équivoque ou d'un parjure; il n'ignore point que les gouvernements qui ont usé en France de pareils moyens en ont été finalement la victime. Pendant ce mois-de novembre dont on nous parle, il était à Versailles, prêt à se montrer si l'Assemblée l'eût appelé ; ce n'est donc point lui qui a fait défaut, mais bien l'Assemblée, qui n'a pu qu'affirmer une fois de plus son impuissance à remplir la mission que nous lui avons confiée. Le comte de Chambord, lui, a foi dans la sienne ; il sait qu'un jour ou l'autre, il sauvera la France de l'abîme où l'amène infailliblement le provisoire actuel : "la monarchie héréditaire dont la Providence m'a confié la garde, écrivait il, est l'unique port de salut où, après tant d'orages, cette France, objet de tout mon amour, pourra retrouver enfin le repos et le bonheur." […]

Quelques mots maintenant sur le drapeau. Le drapeau tricolore a assisté à toutes les horreurs de nos révolutions, et il décore par centaines les musées de l'Allemagne. Il nous a enlevé en 1814 et en 1815 une partie de nos colonies, toute une ligne de frontière, et naguère l'Alsace et la Lorraine ; il nous a fait payer des milliards à l'étranger, sans compter ceux qu'il nous a fallu, donner à la Prusse. Le drapeau blanc, vous n'en trouverez aucun dans les musées de l'Europe, il a chassé les Anglais et fait la France, émancipé les Etats-Unis et délivré la Grèce.

Résumons. Le drapeau tricolore nous a donné sous l'empire trois départements; sous la république un ; sous l'orléanisme zéro. Le drapeau blanc, sous l'antique monarchie : quatre-vingt-cinq départements, presque toutes nos colonies et Alger. L'avantage reste donc au drapeau blanc. "Je n'arbore pas un nouveau drapeau, disait Henri V, je maintiens celui de la France et j'ai la fierté de croire qu'il rendrait à nos armées leur antique prestige. — Si le drapeau blanc a éprouvé des revers, il y a des humiliations qu'il n'a pas connues" (28 janvier 1872).

Telles sont, mes amis, les suites des réflexions qui me sont venues en idée. Ne nous laissons pas tromper par nos soi-disant grands amis messieurs les démocrates. Croyez-moi, le comte de Chambord, c'est le roi qu'il nous faut. »

[C. J. Grand], La vie d'Henri V (comte de Chambord) racontée aux ouvriers et aux paysans par un enfant du peuple. Dixième édition revue, augmentée et ornée d'une belle photographie, Paris, chez tous les libraires [18...? 1ère édition : 1872] 

mercredi 20 janvier 2010

La haine de la République après la Commune de Paris (L'abbé de la Tour de Noé, 1871)


« En théorie, la république est le plus beau des gouvernements ; elle est même le beau idéal des formes politiques. La France trois fois a fait l'essai de la république, en 93, en 48 et le 4 septembre 1870. Or, toujours ces épreuves ont été infructueuses ; jamais les efforts accomplis pour l'établir n'ont pu aboutir. Les deux premières sont mortes, la troisième agonise, que dis-je, elle a péri elle aussi ; car si nous avons encore le mot, nous n'avons déjà plus la chose. Comment donc se fait-il que cet édifice dont la base est si large, dont les lignes sont si pures, dont le couronnement est si splendide ne puisse se tenir debout sur le sol de ma patrie? Plusieurs causes majeures concourent à sa chute rapide.

Premièrement, la république est le drapeau de la canaille. En effet, toujours et partout la canaille est ou du moins se dit républicaine, et quand la vile multitude de tous les partis qui se partagent le pays veut se lancer dans la politique elle arbore le drapeau rouge ou tricolore de la république. Ce qui fait dire à nos ennemis que tous les républicains ne sont pas de la canaille, mais que toute la canaille est républicaine.

Sans doute les Arago, les Lefranc, les Grévy, les Louis Blanc, les Ledru-Rollin, les Victor Hugo sont de fort honnêtes gens; ils renient les Delescluze, les Pyat, les Blanqui, les Flourens, les Vallès et autres. Il n'en est pas moins vrai que tous ces hommes se proclament républicains. On a beau répondre qu'il y a républicains et républicains ; le peuple qui ne distingue pas les nuances qui séparent le républicain honnête du républicain malhonnête s'en va répétant partout : voilà ce que c'est que les républicains !!! […]

Deuxièmement, la république est le signal de la licence. En temps de république, des êtres qui font mal à voir et par les haillons sordides qui les couvrent et par les plaies hideuses qu'ils exhibent, pullulent sur les places et dans les rues. Ils, s'imposent à la charité publique non par leurs prières, mais bien par leurs importunités ; on dirait que la république est un soleil malfaisant qui fait germer des monstres ! […]

Troisièmement, la république est le régime de l'impiété. […] dès que la république est née, les peuples affolés proclament sur le bord de son berceau le divorce radical de l'Eglise et de l'Etat. Ce n'est là, sans doute, qu'une opinion discutable, mais ils vont plus loin; ils décrètent la déchéance de l'Être Suprême, ils déclarent la guerre à Dieu ; il semble que pour les républicains Dieu n'est qu'un ennemi, et que pour eux aussi : « Dieu n'est que le mal ! » Autrefois pour vivre heureuses les nations de l'Europe respectaient le trône et adoraient l'autel ; aujourd'hui elles brisent l'un et profanent l'autre. Aussi, ne travaillant plus nulle part sous le regard du créateur et du maître des empires, quand elles veulent organiser la république : « C'est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. » Ah ! République ! Divine république ! Tour populaire ! Colonne nationale ! Ta cime déjà devrait toucher le ciel, et pourtant, dès que pour te fonder les peuples modernes mettent la main à l'oeuvre, à la première assise, l'ouragan révolutionnaire disperse tes pierres et ton ciment ; car, tes architectes sont des impies et tes constructeurs d'atroces mécréants ! Oui, on dirait que la république est la fille aînée de Satan, et qu'elle a reçu de son père des enfers l'horrible consigne d'insulter l'Eternel ! »

L'abbé de la Tour de Noé, Henri V est-il prêt d'arriver ? Oui ! Toulouse, juin 1871.