dimanche 2 mai 2010

"Causerie sur la gymnastique" (E. Paz, 1869)

Planche extraite du Nouveau manuel complet d'éducation physique, gymnastique et morale (vol. 2), de Francisco Amorós y Ondeano (Marquis de Sotelo), 1848.



« Pour faire de la bonne gymnastique, de même que pour faire de la bonne médecine, il faut individualiser, c'est-à-dire appliquera chacun les principes qui conviennent à son âge, à son sexe et à son tempérament.

L'adolescence est l'époque à laquelle les exercices du corps sont le plus utiles ; ils servent alors à l'éducation des sens et à celle du système locomoteur.

A l'époque de la puberté, ils ont pour effet de répartir sur tous les muscles la sève exubérante qui tend à se concentrer vers les organes de la génération, et à prévenir les habitudes vicieuses que l'excès de sensibilité de ces organes détermine trop souvent. Ni la morale, ni les menaces, ni les châtiments, ni les entraves ne peuvent combattre ces funestes tendances. C'est dans la fatigue des membres et une violente excitation musculaire, qu'on trouve les seuls moyens de les prévenir ou de les détruire.

Dans l'âge adulte, la gymnastique est encore utile, afin de maintenir l'équilibre entre toutes les parties de l'organisme et d'éviter les concentrations vitales qui pourraient avoir lieu vers les viscères ; elle l'est surtout pour les gens qui se livrent à des occupations sédentaires, pour les hommes de lettres, de science et de cabinet.

Enfin l'exercice, un exercice modéré, convient également aux vieillards. La gymnastique alors rend le jeu des organes plus facile et sollicite l'action des fibres dont la sensibilité est émoussée.

On le voit, les avantages de la gymnastique sont extrêmes ; mais ses abus ne le sont pas moins, et nous pensons bien faire en indiquant grosso modo les différents modes de gymnastique qui nous paraissent devoir être adoptés, selon les diverses conditions indiquées ci-dessus.

L'enfant est une cire molle qu'on peut étendre en tous sens; seulement, si la tension exercée est excessive, le but serait désastreusement dépassé. Donc, il faut simplement s'étudier à assouplir et à développer son corps en mettant la plus grande sobriété dans le choix des moyens qu'on emploie. Que pour rien au monde on ne songe, dans ce premier âge, c'est-à-dirè jusqu'à dix ou douze ans, aux travaux de force proprement dits; la croissance pourrait s'en trouver modifiée et aussi le caractère de l'enfant. Ce qu'il faut, c'est faire, et non surfaire ni défaire.

La femme, qui est un grand et admirable enfant,' commande la même sollicitude et la même délicatesse que l'enfant lui-même. Comme le frêle arbuste qui résiste à l'ouragan mieux que le chêne séculaire, il faut qu'en conservant les formes et les grâces spéciales à son sexe, elle acquière toute l'énergie qui lui sera nécessaire un jour, pour concevoir et enfanter sans danger. Il faut à la femme des mouvements moelleux, des inflexions douces qui rendent ses membres souples, en développant sa poitrine et en fortifiant ses reins. Constituons, en un mot, un être relativement fort, fort dans la limite du possible et de ses besoins, mais gardons-nous bien de fabriquer des femmes hercules.

Pour les hommes d'âge mûr, il faut proscrire les exercice d'élan, barre fixe, cheval, sautoir, etc., et avoir recours presque exclusivement (à moins qu'on n'ait affaire à un sujet exceptionnellement svelte et nerveux) à la gymnastique d'ensemble ou mouvements raisonnes et progressifs et aux exercices des machines.

Donc, excepté pour les jeunes hommes de 15 à 30 ans, rien de violent, rien d'excessif, des efforts gradués, des instruments et des poids toujours inférieurs à la force acquise, et pour but dominant, l'équilibre et la santé.

E. PAZ,
directeur du Grand Gymnase. »

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