lundi 4 octobre 2010

"Les parents qui veulent avoir des enfants obéissants doivent avant tout obéir eux-mêmes à Dieu" (anonyme, 1842)

Hubert Salentin (1822-1910), "Retour de baptême" (v. 1860-70).


« Le corps délicat de l'enfant sert d'enveloppe à son âme immortelle, et le développement de cette âme tient de près à celle du corps. Les soins qu'elle exige sont de la plus grande importance ; ils appartiennent exclusivement dans les premières années, à l'amour, à la vigilance, à la fidélité maternelles, et l'avenir de l'homme en dépend.

Le premier soin d'une mère pour soit enfant consiste à présenter à Dieu en sa faveur des prières pleines de foi et d'amour. L'influence du Saint-Esprit et les effets de sa grâce lui sont tout aussi nécessaires qu'à l'homme mûr, et il n’y est pas moins accessible que lui. Le manque de connaissance de la part de l'enfant ne doit pas être un obstacle, et l'on se trompe lorsqu'on croit que l'enfant ne peut recevoir des grâces qu'autant qu'il en comprend l'étendue. Le souvenir des bénédictions que le Seigneur a répandues sur des enfants qui lui ont été présentés dans la prière, peut servir d'exemple pour combattre cette erreur. Une mère obtiendra beaucoup de bénédictions pour son enfant, en les demandant à Dieu, avant même que l'enfant ne soit né.

Les plus jeunes enfants ont besoin qu'on s'occupe de leur salut, puisqu'ils apportent en naissant le germe de beaucoup de mal. Ne tardez donc pas à les recommander aussitôt que possible à la grâce du Seigneur Jésus-Christ, qui s'est donné soi-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de nous purifier pour lui être un peuple particulier et zélé pour les bonnes œuvres.

L'éducation de l'âme de nos enfants devra commencer de notre côté par la prière, et en les confiant d'abord à la garde de notre Dieu. Pendant leurs heures de sommeil, dans le silence de la chambre de l'enfant, pendant leurs repas, et chaque fois que le cœur s'y sentira porté, on répétera ces prières intimes, qui retomberont en bénédiction sur nos enfants au jour où tout ce qui a été caché sera mis en évidence.

L'attention des parents devra se porter en second lieu sur le développement de l'amour et de la reconnaissance dans le cœur de leurs enfants. La douce bienveillance, le dévouement, les secours donnés par le cœur, une surveillance fidèle et affectueuse réveilleront dans le cœur de l'enfant qui ne peut rien donner en retour, des regards d'amour et d'attachement qui sont le commencement de la reconnaissance. Ces sentiments de l'enfant envers ceux qui lui donnent des soins, ouvrent son jeune cœur au développement de ses meilleures facultés.

L’enfant porte naturellement dans son cœur la disposition à l'égoïsme, à l'envie, à la colère, à l'avarice, etc., etc., et toutes ces dispositions se manifestent de bonne heure. L'entêtement, l'amour-propre, les désirs égoïstes révèlent l'existence du péché naturel à l'homme, et il faut de bonne heure chercher à le combattre. Il faut opposer à l'amour-propre une affection sage et véritable; à l'envie, la bienveillance; à la colère, la douceur et l'aménité; à l'avarice et au désir de posséder tout ce qui plaît, une sage bienveillance qui donne là où elle peut donner, et qui refuse sagement ce qui ne peut être accordé. Tout ce que l'enfant cherche à obtenir par des cris et des bouderies devra lui être refusé avec douceur mais avec fermeté. Qu'on ne le fasse jamais dans un accès d'humeur ou d'impatience; autrement l'entêtement serait opposé à l'entêtement, ce qui augmenterait le mal, et d'ailleurs le mal ne peut être vaincu que par le bien. […]

Tant que les enfants n'ont pas encore acquis la conscience d'eux-mêmes, tant qu'ils ne peuvent pas prononcer ni comprendre l'idée du moi, et qu'ils n'ont pas une idée claire de ce qui est mal, on ne peut pas songer à des punitions sévères. Mais arrivés à l'âge de trois ans, les petites corrections deviendront indispensables. Qu'on ait garde de n'employer la verge que dans les cas les plus graves. Toutes les punitions que dans les sept premières années on aura négligées, soit par mollesse ou par une tendresse mal entendue, donneront à souffrir plus tard aux parents et aux instituteurs.

La troisième partie du soin de l'âme des enfants consiste à former en eux l'esprit d'obéissance. Ce devoir sera facilité si on les traite avec douceur, affection et sérieux, en ne donnant que des ordres réfléchis, fondés sur la raison, et en ayant bien soin de ne rien leur défendre ni ordonner avec humeur; on donnera les ordres avec calme, sans trop de paroles, et une fois qu'ils seront donnés on exigera une obéissance aveugle. En négligeant ces précautions, on rendra l'obéissance au contraire très difficile, comme cela se voit si fréquemment, là où les parents donnent légèrement des ordres, qu'ils révoquent plus tard sans fermeté ou qu'ils accompagnent de menaces inutiles ou d'exhortations infructueuses.

Les parents qui veulent avoir des enfants obéissants doivent avant tout obéir eux-mêmes à Dieu, et après lui aux personnes qui sont leurs supérieurs. Si nous nous détachons de Dieu, nos enfants se détacheront de nous, et la désobéissance envahira notre cercle de famille. Toute exhortation à l'obéissance sera infructueuse sans un retour sincère de la part des parents et des personnes occupées d'éducation à l'obéissance à Dieu, et à Dieu par Jésus-Christ. Car c'est Lui qui est le Seigneur. »

Société de Livres religieux, Du soin des petits enfants, Toulouse, Imp. K.-Cadaux, 1842.

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