Bar-le-Duc (Meuse): monument élévé en l'honneur des frères Pierre et Ernest Michaux, "inventeurs et propagateurs du vélocipède à pédales."
« Le Vélocipède est un des signes du temps. Après le coche, la diligence; — après la diligence, le chemin de fer; — après le chemin de fer, le Vélocipède...
Qu'on ne se trompe pas à ce dernier terme de progression : la marche du progrès est continue. Le chemin de fer va plus vite, sans doute ; mais c'est la vitesse mécanique, brutale, inintelligente... Le Vélocipède est la vitesse individuelle émanant de l'homme même, la rapidité raisonnée se ployant aux caprices de la volonté ; — la vitesse personnelle remplaçant la vitesse collective, l'affirmation de la puissance des nerfs substituée à celle de la vapeur... […] Aussi, la vogue du Vélocipède n'est-elle plus une affaire de mode et de sport, — c'est une fièvre.
Ce cheval de bois et d'acier comble un vide dans l'existence moderne; il ne répond pas seulement à des besoins, mais à des aspirations. […] Le Vélocipède, selon nous, n'est pas un caprice. S'il a pris place d'emblée dans la vie moderne, s'il excite à l'heure qu'il est une sorte d'engouement, cela ne saurait faire tort à son caractère d'utilité. Ce qui le prouve, c'est qu'à mesure qu'il se répand dans le monde élégant, le gouvernement et les grandes administrations l'emploient a es services spéciaux.
Il est certain que le Vélocipède restera. Nous étudierons peut-être un jour l'influence que ce nouveau véhicule doit exercer sur l'avenir, et nos neveux s'écrieront peut-être, en parodiant le mot de Buffon : LE VELOCIPEDE EST LA PLUS NOBLE CONQUÊTE DE L'HOMME ! [...]
Le Vélocipède, dirigé par un cavalier exercé, peut fournir de longues carrières et atteindre de grandes vitesses. Voici quelques renseignements à ce sujet, puisés aux sources les plus authentiques : deux Vélocipédistes ont accompli, en six jours, une course de cent cinquante lieues, distance de Paris à Bordeaux, ce qui donne une moyenne de 100 kilomètres par jour. Ils n'abusaient aucunement de leurs forces et n'éprouvaient qu'une fatigue ordinaire. Rien ne les eût empêchés de continuer leur voyage dans les mêmes conditions.
On cite, mais à titre de tour de force et de pari, une course de 250 kilomètres, accomplie en vingt heures consécutives, y compris les temps de repos. La plus longue traite qu'un Vélocipédiste vigoureux puisse fournir sans s'arrêter ne peut guère dépasser 150 kilomètres.
Ces mesures sont ce qu'on pourrait appeler des vitesses de voyage; elles sont infiniment au-dessous de la rapidité exceptionnelle qu'on peut obtenir, pendant un court espace de temps, en mettant des nerfs solides au service de l'amour-propre. On arrive à une vitesse de 500 mètres par minute, mais cette allure vertigineuse ne saurait se maintenir longtemps.
Ces exagérations de rapidité n'ont qu'un intérêt de sport et ne peuvent être l'objet d'aucune étude sérieuse. Il en est de même des excentricités que se permettent certains écuyers habiles, qui abandonnent le gouvernail, ou se posent en Renommée et en Amazone sur leur Vélocipède. On en a vu descendre l'escalier du Trocadéro et courir sur les parapets de la Seine : ce sont des jeux à se casser les reins.
Pourtant, nous ne saurions blâmer absolument les courses de Vélocipèdes, sans envelopper dans la même proscription les courses de chevaux ; cela nous ferait trop d'adversaires. Supposons que de même qu'on cherche à améliorer le cheval, on veut améliorer la fabrication des machines à la mode. Il est certain que les courses de Vélocipèdes sont moins dangereuses pour les écuyers.
La vitesse normale du Vélocipédiste voyageur est de 4 à 5 lieues à l'heure, ce qui triple à peu près la vitesse du pas accéléré. Le mouvement imprimé à la machine doit être aussi régulier que possible et agir avec plus de souplesse que de force, car nous répétons qu'il y en a très peu à dépenser.
Avec cette allure, on peut faire vingt lieues en cinq heures, sans plus de fatigue que si l'on s'était promené pendant le même temps; il y a même avantage en faveur du Vélocipède, car le mouvement de marche est continu, tandis que le cavalier peut prendre des moments de repos sans que sa course soit arrêtée. Cela lui arrive toutes les fois qu'il trouve des terrains en pente descendante ou qu'il est lancé assez rapidement pour abandonner la machine à elle même. Il quitte alors les pédales et repose ses pieds sur l'appui voisin, jusqu'à ce qu'il sente le besoin de précipiter sa course. Dans cette mesure, le Vélocipède, dont nous avons dit l'utilité, est non-seulement un amusement, mais un exercice hygiénique, salutaire et fortifiant.
Quant aux accusations qui frappent le Vélocipède et qui lui reprochent d’ébranler le système nerveux ; d'être l'origine de maladies intimes et peu séantes à nommer – il faut les reléguer avec les contes de bonne femme.
L'exercice du cheval est dix fois plus dangereux au point de vue sanitaire, — sans parler des ruades, des écarts et du mors aux dents. On ne saurait nier, sans doute, que l'abus du Vélocipède ne puisse avoir des inconvénients, — mais quel est donc l'exercice à qui l'on ne puisse faire le même reproche, fût-il le plus doux du monde, le plus agréable et le plus consolant ? »
Jacques LEGRAND, Manuel du vélocipède, Librairie du Petit journal, 1869.
c nul i dise rien sur coment on lutilise
RépondreSupprimercomment on l utilise c nul!! la description et l evolluutionn elle et où ????????????!!!!
RépondreSupprimerextra! on se sent propulsé dans l'époque...
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