« L'unité et l’infaillibilité dans le pouvoir, l'obéissance absolue et passive dans les masses, voilà la politique du catholicisme. Cette politique est fondée d'abord sur la notion même du pouvoir. Tout pouvoir appartient a Dieu, qui règne absolument et arbitrairement sur le ciel et sur la terre.
Dieu, en donnant sa révélation, a établi une foi que les hommes ne sont pas appelés à juger, et une hiérarchie inspirée ou du moins divinement assistée, pour interpréter cette loi et la hiérarchie accepte la souveraineté de fait, comme une puissance qui vient de Dieu, et a toujours prêché aux peuples l'obéissance aux monarques absolus, en tout ce qui n'attaquait pas la foi. Voilà donc deux arguments contre la démocratie l'idée du pouvoir considéré dans sa source, et la pratique constante de l'Église.
Il est facile de prouver la même chose par des raisons générales et des exemples particuliers. Et d'abord la loi catholique est essentiellement monarchique et absolutiste en elle-même, et ne doit tendre qu’à façonner les gouvernements humains à son image. Pour les catholiques, la liberté consiste à pouvoir faire ce qu'on doit. Tout est arrêté, tout est défini il n'y a rien à examiner. Donc l'organe de la loi doit être simple et unique comme elle.
La démocratie est le gouvernement du doute et du bon plaisir des majorités ; peu importe qu'un principe soit vrai en lui-même il devient vrai pour la république, dès que le peuple l'a voulu aussi la minorité des sages est-elle toujours opprimée dans les gouvernements populaires.
Le catholicisme politique, c'est la foi au gouvernement et le gouvernement de la foi. Les croyants n'ont pas besoin d'un sénat qui délibère : la loi est là ! Il s'agit de savoir si elle affirme ou si elle nie en telle ou telle circonstance un enfant suffirait pour prononcer. D'ailleurs la foi catholique enseigne que tout homme qui se trouve à la tête du gouvernement a une grâce toute spéciale qui le soutient et le dirige, et ne permet pas aux sujets de juger les actions du maître que la Providence leur impose.
Il n'y a dans le monde que deux classes d'hommes ceux qui veulent faire ce que Dieu veut et ceux qui veulent faire ce qu'ils veulent. Les uns admettent une loi absolue, et se soumettent à quiconque est reconnu d'eux pour l'interpréter légalement les autres n'admettent que leur bon plaisir, et sont obligés de se consulter entre eux pour s'entendre, s'ils ne veulent pas se battre ou s'ils sont las de se battre. Ainsi la majorité l'emporte, et soumet la minorité à ses exigences et à ses caprices.
Voilà les vrais principes philosophiques du catholicisme en matière de gouvernement ; demandez aux docteurs et aux théologiens les plus accrédités en France et en Italie, vous verrez si l'on vous en impose et si même on vous a dit tout. »
[Anonyme], Paix ! paix ! Réprimande adressée par un abbé et un théologien à Timon, qui n'est ni l'un ni l'autre, Paris, chez les marchands de nouveautés, 1845.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire