"La vierge... folle. Les Jeanne d'Arc de la Commune" par H. Nérac (1871).
« J'ai dit, dans un article précédent, que notre bonne Commune était en train d'aller de travers...
Eh bien, oui, nom de Dieu !...
Et je le répète...
Parce que je suis bougrement mécontent de la voir s'occuper d'un tas de foutaises qui ne valent pas chiquette, alors qu'il faudrait déployer de l'audace et de l'énergie.
De l'énergie, foutre de foutre !...
Tout est là !...
Comment, citoyens membres, vous vous amusez à foutimasser à l'heure où ces coquins de Versailleux sont peut-être en train de frapper à la porte des forts qui sont actuellement occupés par ces canailles de Prussiens.
Vous organisez des Chambres de notaires, au moment où nous demandons tous l'union libre et l'abolition de l'hérédité.
Vous nous foutez des huissiers à l'heure où il est convenu qu'on ne peut pas payer ce qu'on doit.
Je sais bien,
Vous passez toute une séance à jaboter sur le citoyen Pilotell !...
Ah ça ! mais, nom de Dieu !...
Vous n'avez donc rien à foutre?...
Et la levée en masse !...
Vous n'y pensez donc plus ?...
Sans la levée en masse, qu'est-ce que vous foutrez pour faire face à l'ennemi sur tout le périmètre de la cité?
Sont-ce les pauvres bougres qui font campagne depuis un mois déjà et qui se sont esquinté le tempérament à passer des nuits en, grand' garde dans les tranchées...
Et ça par des temps à ne pas foutre un chien dehors ?...
Non, citoyens membres...
Il faut des troupes fraîches !
Et voilà ce que je propose.
A défaut d'hommes, d'enrégimenter les bonnes bougresses de patriotes, qui ne demandent qu'à faire le coup de feu avec leurs maris...
Et qui ne bouderont pas devant une charge de cavalerie,
Foutre de foutre !...
J'ai reçu des lettres de plusieurs de ces bonnes bougresses, qui témoignent du plus grand désir de combattre.
La femme, nom de dieu !...
Mais on peut l'employer autrement qu'à faire une panade ou à raccommoder un fond de culotte,
Tonnerre de dieu !...
Rappelez-vous les citoyennes Jeanne d'Arc et Jeanne Hachette !...
Voilà des bonnes bougresses !
Je sais bien qu'on pourra m'objecter qu'il sera dur pour un chef de corps de crier à des femmes, sous forme de commandement :
Pelotons, par le flanc droit ! et Pelotons, par le flanc gauche !...
Parce qu'il y a des jean-foutres qui y verront malice.
Mais ceci ne doit pas vous arrêter, citoyens membres...
Et il faut armer les femmes qui veulent marcher !..,
Nom de Dieu !...
Il y a une idée ! Réfléchissez-y !...
La femme incorporée,
Foutre de foutre !...
Voilà un sujet sur lequel le fils Duchêne aimerait à s'étendre.
Et il y reviendra. »
Eugène Vermersch, "La levée en masse",
Le fils du Père Duchêne : illustré, n° 3, 10 Floréal an 79 (29 avril 1871).
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"Les amazones de la Seine" (v. 1870-71),
coll. Universitätsbibliothek Heidelberg.
« J'ai dit dans mon numéro précédent, que la femme incorporée étant un sujet sur lequel le fils Duchêne aimerait à s'étendre,
Il y reviendrait,
Et il y revient
Parce que j'ai pensé à une chose...
Et cette chose la voici .....
Parmi les hommes que l'on a foutus dans la garde nationale, il y a des vieux et des jeunes, n'est-ce pas?...
Les vieux forment la sédentaire,
Et les jeunes sont dans les compagnies de guerre.
Il faut qu'il en soit de même des femmes.
Et pour ça, que faut-il faire ?
Presque rien, foutre de foutre !...
Faire deux catégories distinctes.
Prendre les honnêtes femmes d'abord, qui ont des soins à apporter au ménage, des petits enfants à allaiter et à qui il serait difficile de tenir la campagne huit jours de suite.
De celles-là, il faut former la sédentaire.
Quant aux compagnies de guerre, vous allez me dire, avec quoi les formerez-vous ?...
Avec quoi, nom de Dieu !...
Mais, avec toutes ces gueuses qui se maquillent la frimousse et qui se collent des chignons gros comme une botte de foin.
Avec toutes ces gourgandines qui rodaillent sur le boulevard et empoisonnent le musc... et la société.
Avec ces drôlesses enfin qui sont le déshonneur d'une famille et d'une nation, que le règne de Badinguet III a trop favorisées et qui ont fait de Paris le plus grand lupanar de l'Europe.
Il y a là dedans de bonnes bougresses qui ne demandent peut-être qu'à se réhabiliter.
Il faut donc leur en fournir l'occasion, nom de Dieu !...
Et leur foutre quelque chose dans la main.
Un revolver ou un chassepot,
Peu importe.
Il faut sauver le pays et réhabiliter ces filles-là !
Le feu purifie tout ! pas vrai ?...
Eh bien alors....
Il faut envoyer toutes ces bougresses-là au feu !...
Et que ça ne traîne pas !
Mille tonnerres !...»Eugène Vermersch, "Les femmes incorporées",
Le fils du père Duchêne : illustré, n° 4, 13 Floréal, an 79 (2 mai 1871).
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