"Si la peste donnait des pensions, la peste trouverait encore des flatteurs et des serviteurs" (Saadi). Dessin ornant l'édition originale de : anonyme, Dictionnaire des Girouettes ou, nos contemporains peints par eux-mêmes... par une Société de Girouettes, Paris, A. Eymery libraire, 1815.
Honoré Muraire*, discours adressé à Monsieur, comte d’Artois, le 9 avril 1814 :
« Monseigneur,
Après une trop longue et trop violente tempête, le vaisseau de l'état rentre enfin dans le port. La France retrouve son véritable roi, et les Français un père dans le sein duquel ils oublieront leurs malheurs. Tout ce qu'un événement si heureux a produit d'allégresse et d'enthousiasme, tout ce que ce jour à jamais mémorable de bonheur et d'amour, de régénération et d'espérance, de réconciliation et de paix , a produit d'émotions et de sentiments, !a cour de cassation l'a éprouvé, elle l'a ressenti, elle l'a partagé. Eh ! comment le premier corps de la magistrature française ne bénirait-il pas le retour d'un règne et d'un monarque qui assurent aux lois une action entière et libre, aux tribunaux l'indépendance et la considération sans lesquelles ils ne peuvent exister, et aux citoyens le cours invariable et régulier de la justice, et surtout l'ordre naturel et jamais interverti des juridictions !
Monseigneur, nous vous remercions de ces premiers bienfaits ; nous vous remercions de tous ceux que le retour de Louis XVIII et celui de V. A. R. promettent à la France, et nous vous supplions d'agréer pour votre auguste frère, comme pour vous-même, la vive et franche expression de notre amour, de notre respect et de notre fidélité. »
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H. Muraire, discours adressé à l'Empereur Napoléon Ier, le 27 mars 1815 :
La profession des sentiments dont votre cour de cassation vous apporte l'hommage, ne peut être aujourd'hui que la profession des principes qu'elle s'honore de proclamer en vous saluant comme seul, véritable et légitime souverain de l'empire. Cette souveraineté, instituée par la nation et pour elle, vous fut déférée par son vœu lorsqu'elle vous appela à un trône vacant et abandonné. Ce vœu national vient de se manifester encore avec autant d'unanimité et plus d'énergie : partout il a été l'élan des cœurs, sans violence, sans contrainte ; car tous ont été pour vous, par un mouvement spontané, volontaire, et libre de toute influence. La légitimité de votre souveraineté pourrait-elle donc être méconnue, lorsqu'elle repose sur la base indestructible de la volonté libre du peuple, français ?...
Eh! quel chef plus digne d'une nation libre et généreuse, que celui qui reconnaît que les rois sont faits pour les peuples, et non les peuples pour les rois : qui ne veut régner que par une constitution faite et acceptée dans l'intérêt et par la volonté de la nation qui ne veut gouverner que par les lois et pour maintenir également et indistinctement les droits de tons ! Sire, ces principes sont de toute éternité ; le progrès des lumières du siècle, de ce siècle qu'on a essayé de faire reculer, n'a fait que les mettre dans une plus grande évidence : l'ignorance et les préjugés ont disparu devant eux, et V. M. a acquis des droits immuables à la reconnaissance, non seulement de la France, mais de toutes les nations civilisées, pour les avoir sauvées de la subversion de tous leurs droits et de la rétrogradation de la raison universelle....
Signé : Comte Muraire, président. »
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* Honoré Muraire (1750-1837), avocat au Parlement d'Aix, élevé à la dignité de Comte d'Empire en 1806, il exerce les fonctions de Premier président de la Cour de Cassation du 15 ventôse an IX au 15 février 1815, puis de nouveau pendant les Cent-Jours.
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