Les Impôts (1851*)
Bien que j'aie une patente,
Une femme et des enfants,
Je n'aime pas qu'on plaisante
Des impôts ; je le defends.
D'enrichir notre patrie
Nous devons être contents.
Augmentez-les, je vous prie,
Messieurs les représentants.
Mon voisin me scandalise
Par un luxe ruineux ;
Tous les jours, sous sa remise,
Roulent des chars orgueilleux,
J'entends dans son écurie
Hennir trois chevaux fringants
Imposez-les, je vous prie,
Messieurs les représentants.
Ma femme est assez jolie ;
J'en suis même un peu jaloux ,
Car elle aime a la folie
Les chats blancs et les chiens roux.
De cette ménagerie
J'abhorre les habitants
Imposez-les, je vous prie,
Messieurs les representants.
J'accueille dans ma boutique
Des jeunes gens pommadés;
Je ménage leur pratique,
Mais je crains leurs procédés.
Ils en veulent à Marie,
Et j'ai déjà quatre enfants
Imposez-les, je vous prie,
Messieurs les représentants.
Je ne bois que de l'eau claire;
Par goût, je ne fume pas :
Frappez le vin et la bière,
N'épargnez point les tabacs;
Seulement, l'épicerie
Souffre depuis bien longtemps.
Dégrevez-la, je vous prie,
Messieurs les représentants.
* Date indiquée dans : Gustave Nadaud (1820-1893), Chansons, Paris, Plon, 1867.
Dessin de Cham (1818-1879), Les Folies parisiennes : quinze années comiques 1864-1879 (1883).
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